La fusion nucléaire, souvent qualifiée de « graal énergétique
», consiste à reproduire le processus qui alimente le Soleil : la fusion de
noyaux légers, comme ceux de l’hydrogène, pour former un noyau plus lourd,
libérant une immense quantité d’énergie.
Une avancée majeure a été réalisée en décembre 2022 au National Ignition Facility (NIF), aux États-Unis. Pour la première fois, une expérience a généré un gain net d’énergie : les lasers ont fourni 2,05 mégajoules à une capsule de combustible, et la réaction de fusion en a produit 3,15. C’était la première preuve expérimentale qu’un bilan énergétique positif était atteignable, même si l'énergie totale utilisée par l’ensemble du système restait bien supérieure à celle produite. Néanmoins, ce jalon scientifique a validé la faisabilité théorique de la fusion contrôlée.
En Europe, c’est le Joint European Torus (JET), situé au Royaume-Uni, qui a réalisé un autre exploit en 2023. Utilisant une approche différente, basée sur la confinement magnétique (à l’inverse du NIF qui utilise le confinement inertiel par laser), les chercheurs ont réussi à maintenir une réaction stable durant plusieurs secondes, en produisant 59 mégajoules d’énergie à partir de 0,2 gramme de combustible. Cela reste un record mondial pour ce type d'installation, et renforce les bases scientifiques du futur réacteur expérimental ITER, en cours de construction en France.
Ces deux réussites, bien que très différentes dans leurs approches, signalent une convergence vers une même promesse : celle d’une énergie de fusion qui serait propre, quasi illimitée, et décarbonée. L’hydrogène, utilisé comme combustible, est abondant dans l’eau de mer, et les sous-produits de la réaction ne comportent pas les risques de prolifération ou de déchets toxiques propres à la fission.
Cependant, des défis techniques et industriels restent à surmonter avant une exploitation commerciale. Il faudra notamment construire des matériaux capables de résister à des températures extrêmes, automatiser les cycles de réaction, et rendre les systèmes plus économes en énergie. Le calendrier optimiste table sur les premières centrales expérimentales vers 2050, à condition que les investissements restent soutenus.
Malgré ces obstacles, les premières réactions à bilan énergétique positif marquent un tournant historique. Elles insufflent un nouvel élan à la recherche en fusion, en attirant financements publics et initiatives privées. En pleine crise climatique et énergétique mondiale, cette piste technologique pourrait jouer un rôle stratégique dans le futur mix énergétique global, aux côtés des renouvelables. Plus qu’un rêve lointain, la fusion nucléaire commence à devenir un horizon scientifique tangible.
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼
Découvrez d’autres analyses sur notre page d’accueil.