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03 août 2025

BILLET : Algérie: un pays sacrifié pour une question fumeuse- Par A. Laalioui

        ✍️Auteur :  A. Laalioui🗓️ Date : 03/08/2025

Kaleidoscope 

La question du Sahara occidental, telle qu’elle est posée depuis 1975, ne peut être comprise sans replacer son origine dans le contexte géopolitique et idéologique de l’époque.

Au lendemain de la Marche Verte organisée par Hassan II pour récupérer les provinces du Sud, l’Algérie, dirigée alors par Houari Boumédiène, s’érige en principal opposant au Maroc. Ce choix n’était pas seulement dicté par une solidarité affichée avec un supposé peuple opprimé, mais bien par une stratégie claire : affaiblir son voisin de l’Ouest et bloquer son essor régional.

La genèse du Front Polisario illustre cette instrumentalisation. Contrairement au récit algérien, cette organisation fut fondée par de jeunes étudiants sahraouis marocains de l’Université Mohammed V de Rabat, baignés dans l’air révolutionnaire et tiers-mondiste des années 1970. Initialement, leur engagement s’inscrivait davantage dans la mouvance contestataire internationale que dans une revendication identitaire séparatiste. Mais très vite, Alger y a vu une opportunité : financer, armer et encadrer ce mouvement pour en faire un instrument de nuisance contre le Maroc.

Dès lors, l’Algérie déploie des moyens colossaux. Camps de Tindouf, lobbying diplomatique, soutien militaire et financier : rien n’a été épargné. Depuis près d’un demi-siècle, des dizaines de milliards de dollars ont été engloutis dans cette cause, au détriment du développement de l’Algérie elle-même. Cette mobilisation, pourtant, n’a jamais réussi à donner une légitimité internationale durable au Polisario. Pire encore, elle a progressivement isolé Alger, accusée de prolonger artificiellement un conflit au prix du bien-être de ses propres citoyens.

Au fil des décennies, la donne internationale a profondément changé. Alors que la Guerre froide alimentait les discours révolutionnaires, la communauté internationale est désormais tournée vers la stabilité, la coopération économique et la lutte contre l’extrémisme. La proposition marocaine d’accorder une large autonomie aux provinces du Sud dans le cadre de la souveraineté nationale est jugée crédible, réaliste et sérieuse par un nombre croissant de pays. Aujourd’hui, plus de la moitié des États membres de l’ONU soutiennent cette approche, y compris des puissances influentes.

Face à cette évolution, l’Algérie persiste dans une stratégie anachronique. Le régime algérien, soucieux de sa survie politique, continue de brandir le Sahara comme un symbole de résistance, alors qu’il s’agit surtout d’un levier pour maintenir la cohésion interne et détourner l’opinion publique des échecs économiques et sociaux. La récente proposition d’offrir 80 % des minerais rares aux États-Unis en échange d’un soutien à la thèse séparatiste illustre jusqu’où Alger est prête à aller : sacrifier ses richesses naturelles pour sauver une cause devenue obsolète.

Ce choix a un coût monumental. Les milliards dépensés depuis 1975 auraient pu financer des infrastructures, des écoles, des hôpitaux ou diversifier une économie encore dépendante des hydrocarbures. Au lieu de cela, ils entretiennent des camps à Tindouf, où des générations entières de Sahraouis vivent dans des conditions précaires, utilisés comme monnaie d’échange politique. Les Algériens eux-mêmes, confrontés à une crise sociale persistante, voient leur avenir compromis par cette politique figée dans le passé.

En fin de compte, la question du Sahara occidental n’est plus qu’un mirage coûteux pour l’Algérie. Alors que le Maroc avance avec une vision pragmatique et obtient des soutiens internationaux croissants, Alger s’enferme dans une posture défensive, prisonnière d’une cause « fumeuse » qui lui sert d’outil de propagande. Cette obstination démontre que, pour les dirigeants algériens, conserver le pouvoir prime sur l’avenir du pays. L’histoire retiendra sans doute que l’Algérie a sacrifié une part de son développement et de son influence régionale pour entretenir une illusion née dans les années 1970, et qui n’a jamais trouvé de véritable fondement.





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