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04 août 2025

INTERNATIONAL : Diplomatie 2.0 : quand l’information devient une arme- Par N. Lemaire

        ✍️Auteur :  N. Lemaire🗓️ Date : 04/08/2025 

Kaleidoscope 

La guerre de l’information et la diplomatie numérique sont devenues des composantes centrales des relations internationales au XXIᵉ siècle.

Dans un monde où l’information circule à la vitesse de la lumière, la maîtrise du récit — ou « narratif » — est désormais une arme stratégique aussi puissante que la force militaire. Les États ne se contentent plus de négocier derrière des portes closes ; ils mènent également des batailles médiatiques pour influencer les opinions publiques, façonner les perceptions et légitimer leurs politiques.

Les plateformes numériques constituent l’un des champs de bataille privilégiés. Facebook, X (ex-Twitter), TikTok ou encore YouTube sont devenus des arènes où se croisent diplomates, activistes, journalistes et armées de bots. La diplomatie numérique s’exerce non seulement par des comptes officiels, mais aussi par des campagnes d’influence discrètes, souvent coordonnées et difficiles à détecter. Dans ce contexte, la vitesse et la viralité des messages comptent parfois plus que leur véracité, ce qui ouvre la voie à la désinformation organisée.

Les fuites massives de données, comme celles révélées par WikiLeaks ou Edward Snowden, ont montré l’impact décisif des révélations numériques sur la diplomatie mondiale. Ces divulgations, souvent relayées par les médias et amplifiées par les réseaux sociaux, peuvent fragiliser des alliances, embarrasser des gouvernements ou contraindre des dirigeants à revoir leurs positions. Les États savent désormais que le secret diplomatique n’est plus garanti, ce qui change leur manière de négocier et de gérer leurs relations extérieures.

La Russie, la Chine et les États-Unis illustrent bien cette nouvelle ère. Moscou a perfectionné l’art des campagnes de désinformation, notamment lors des élections américaines de 2016, en exploitant les divisions sociales et en utilisant des usines à trolls. Pékin, de son côté, mise sur une stratégie d’influence mondiale via ses médias d’État multilingues, sa diplomatie des « loups guerriers » sur Twitter, et la promotion d’une vision alternative de l’ordre international. Washington, quant à lui, reste un acteur majeur grâce à la puissance de ses géants technologiques et à ses réseaux diplomatiques numériques, mais il doit aussi faire face à une défiance croissante envers son narratif.

Cette guerre des narratifs dépasse les relations entre États : elle vise également les opinions publiques mondiales. Les campagnes d’influence s’appuient sur des récits identitaires, historiques ou émotionnels pour séduire, convaincre ou diviser. La bataille se joue autant dans les algorithmes que dans les esprits, avec un usage massif de l’intelligence artificielle pour créer de faux contenus (deepfakes, faux sites d’information) et amplifier certains messages.

Face à ce défi, les démocraties et les organisations internationales cherchent à établir des garde-fous. Initiatives de fact-checking, législations contre la désinformation, partenariats avec les plateformes numériques et programmes d’éducation aux médias se multiplient. Mais la tâche reste ardue, car la ligne entre diplomatie publique, influence légitime et manipulation hostile est souvent floue.

La guerre de l’information redéfinit la diplomatie : elle ne se limite plus aux chancelleries et aux sommets internationaux, mais se joue aussi sur les écrans des citoyens. Les États doivent désormais concevoir leurs stratégies diplomatiques comme des récits globaux, capables de concurrencer ceux de leurs adversaires. La bataille des narratifs, nourrie par la puissance des technologies numériques, s’impose comme un enjeu central de la politique mondiale du XXIᵉ siècle.





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