Certains intellectuels dits « de gauche » continuent à raisonner avec des concepts figés hérités des années 1960 : autodétermination, décolonisation, lutte des peuples opprimés. Ces notions, jadis porteuses d’une réelle émancipation, sont aujourd’hui appliquées mécaniquement à des réalités auxquelles elles n’adhèrent pas, au risque de produire des contresens historiques flagrants.
Le Sahara marocain, constitué principalement des provinces de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab, a toujours été une composante de l’espace chérifien. Dès le XIᵉ siècle, la dynastie almoravide – fondée par des tribus sanhaja venues de l’Adrar mauritanien et du Sahara marocain – a unifié un vaste empire allant du Sénégal à l’Andalousie. Les Almohades et les Saadiens, eux aussi issus de dynamiques sahariennes, ont consolidé cette continuité. Les tribus sahraouies (Rguibat, Tekna, Oulad Dlim, Aït Oussa, Kenta…) ont régulièrement prêté allégeance aux sultans marocains, comme en témoignent les bay‘a (actes d’allégeance) conservés dans les archives royales et reconnues par la Cour internationale de Justice en 1975.
Dès son indépendance en 1962, l’Algérie, sous la houlette de Houari Boumédiène, a nourri l’ambition de remodeler l’équilibre régional à son avantage. Sa stratégie : affaiblir le Maroc, dont les frontières avaient été amputées sous la colonisation française, et créer au Sahara marocain une entité fantoche – la RASD – qui servirait de levier permanent contre Rabat. Derrière cette politique se profilait un objectif stratégique majeur : obtenir un accès direct à l’océan Atlantique en brisant la continuité territoriale marocaine. Cette ambition fut clairement exprimée dès les années 1970 et constitue l’un des ressorts du soutien militaire, diplomatique et financier massif apporté par Alger au Polisario, bien plus qu’une prétendue solidarité idéologique avec un "peuple opprimé".
Le désert du Sahara est un espace immense de plus de 9 millions de km², traversant dix pays, du Maroc à l’Égypte, de la Mauritanie au Soudan dans sa parie méridionale. Si l’on suit la logique des intellectuels dits « de gauche », chaque portion de ce désert pourrait se voir attribuer une « identité nationale » distincte : un peuple saharien algérien, un peuple saharien libyen, un peuple saharien égyptien ? Cette fragmentation absurde n’a jamais été envisagée ailleurs, sauf lorsqu’il s’agit du Maroc. L’Algérie, dont le Sahara couvre 80 % du territoire, ne connaît aucune revendication d’un « peuple sahraoui algérien », malgré la présence de Touaregs et d’autres groupes ethniques distincts.
Pourquoi cette asymétrie ? Parce que l’Algérie a longtemps été le relais régional d’une vision idéologique, non de conviction, mais d’opportunisme. Cette vision, apanage de l’URSS et dont des héritiers ; Algérie, Cuba, Corée du Nord Venezuela et autres joyeux pays ont en perpétué la tradition et où certaines idées fumeuses ont trouvé leurs derniers refuges. Cependant, le soutien du régime algérien au Front Polisario depuis 1975 relève moins de la défense d’un prétendu peuple que d’une stratégie géopolitique visant à contenir le Maroc et à l’amputer d’une partie constituante de son histoire et de sa géographie. Les intellectuels dits « de gauche » occidentaux, nourris aux slogans anti-impérialistes, ont repris sans nuance cette narration.
Il faut rappeler que la population du Sahara marocain n’est ni étrangère ni artificiellement implantée. Elle est partie intégrante de l’identité nationale, et nombre de ses familles ont contribué à l’histoire et aux dynasties du Maroc. Les échanges caravaniers reliant Tombouctou, Sijilmassa et Marrakech ont façonné des siècles de continuité économique et culturelle. Aujourd’hui encore, les Sahraouis participent activement à la vie politique marocaine, avec une forte représentation au Parlement et dans les institutions locales.
Les intellectuels dits « de gauche », confortablement installés dans les cercles académiques ou médiatiques occidentaux, continuent pourtant à brandir leur lexique d’un autre âge. Leur posture tient plus du confort intellectuel et matériel que de l’analyse : elle rassure, elle flatte l’égo moral, mais elle ne résiste ni à l’histoire, ni à la géographie, ni aux aspirations des populations locales, qui se sont prononcées à maintes reprises en faveur de l’intégration et du développement sous souveraineté marocaine.
Persister dans ce logiciel idéologique, c’est alimenter un conflit artificiel au service d’intérêts dépassés, et nier le droit au développement d’une région qui se transforme rapidement. Le Sahara n’a jamais été une « colonie », mais bien une région historique, stratégique et profondément enracinée dans la continuité marocaine.
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