NAVIGATION

À LA UNE

07 août 2025

ÉCONOMIE : Les nouvelles chaînes d’approvisionnement: relocalisation et dépendance aux métaux rares. Par J. Hafati

        ✍️Auteur :  J. Hafati 🗓️ Date : 07/08/2025

Kaleidoscope 

Les chaînes d’approvisionnement mondiales connaissent de profondes mutations, stimulées par une succession de crises – pandémie, guerre commerciale, conflit en Ukraine – et par des considérations stratégiques croissantes.

Ce bouleversement met en lumière la vulnérabilité des économies face à des chaînes trop étendues, dépendantes d’un nombre limité d’acteurs, notamment en Asie. Il s’ensuit un mouvement de réorganisation industrielle visant à garantir plus de résilience et d’autonomie aux pays producteurs et consommateurs.

La relocalisation constitue l’un des axes majeurs de cette transformation. Face aux risques de pénuries, aux hausses des coûts logistiques, et aux enjeux de souveraineté, certains États encouragent le retour d’activités industrielles sur leur territoire. Ce phénomène concerne surtout les secteurs jugés stratégiques, comme la santé (production de médicaments), l’électronique (semi-conducteurs) ou l’agroalimentaire. Cependant, la relocalisation reste coûteuse et techniquement complexe, car les savoir-faire se sont souvent déplacés avec les unités de production.

Parallèlement, la stratégie dite de “friend-shoring” gagne en popularité. Il s’agit de réorienter les échanges vers des pays “amis”, politiquement fiables et stables, afin de réduire les risques géopolitiques. Par exemple, les États-Unis cherchent à transférer une partie de leur chaîne d’approvisionnement hors de Chine vers des partenaires comme le Mexique, l’Inde ou certains pays d’Europe de l’Est. L’Union européenne explore également des partenariats plus sûrs dans le cadre d'une autonomie stratégique renforcée.

Un autre point de fragilité critique concerne la dépendance aux métaux rares, essentiels à la transition énergétique et numérique. Le lithium, le cobalt, les terres rares et le nickel, nécessaires pour les batteries, les aimants ou les panneaux solaires, sont extraits et raffinés majoritairement dans un nombre restreint de pays – notamment la Chine, la République Démocratique du Congo et l’Indonésie. Cette concentration expose les chaînes d’approvisionnement à de forts aléas économiques, environnementaux et géopolitiques.

Les pays industrialisés investissent donc massivement dans la sécurisation de l’accès à ces ressources : diversification des fournisseurs, ouverture de nouvelles mines sur leur propre sol, ou encore développement du recyclage des métaux critiques. L’idée est d’anticiper une hausse exponentielle de la demande dans les années à venir, tout en limitant la dépendance stratégique à des puissances concurrentes.

Toutefois, ces mutations profondes des chaînes d’approvisionnement ne vont pas sans défis. Elles nécessitent des investissements lourds, une coordination internationale accrue, et peuvent entraîner une hausse des coûts pour les consommateurs. De plus, la transition vers des chaînes plus “proches” ou “amies” ne garantit pas toujours une réduction des impacts environnementaux, ni une amélioration des conditions de travail.

La reconfiguration actuelle des chaînes d’approvisionnement traduit un changement de paradigme : d’une logique d’optimisation à tout prix à une logique de sécurité, de résilience et de durabilité. Cette transition, bien que progressive, redessine les équilibres économiques mondiaux et pose les bases d’un nouveau modèle industriel, potentiellement plus robuste mais aussi plus exigeant.

 





SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼

Découvrez d’autres analyses sur notre page d’accueil.


Plateforme d'accompagnement du Maroc vers la CAN 2025 et la CDM 2030

Également au service de ses lectrices/lecteurs pour Informer & Divertir