La fusion nucléaire, longtemps considérée comme le « Saint
Graal » de l’énergie, semble enfin se rapprocher d’un tournant commercial
décisif.
Contrairement à la fission nucléaire, qui repose sur la division d’atomes lourds et engendre des déchets radioactifs à longue durée de vie, la fusion consiste à unir des noyaux légers comme l’hydrogène ou ses isotopes. Ce processus imite les réactions qui alimentent le Soleil et promet une énergie abondante, propre et sûre. L’atout majeur : aucun risque d’accident comparable à Tchernobyl ou Fukushima, et surtout, des déchets radioactifs minimes et de courte durée de vie.
Le projet SPARC illustre bien cette dynamique. Son principe repose sur l’utilisation d’aimants supraconducteurs à haute température, permettant de confiner le plasma à des températures extrêmes dépassant les 100 millions de degrés. Selon ses concepteurs, cette approche compacte pourrait démontrer une production nette d’énergie dès la fin de la décennie. En parallèle, TAE Technologies explore une autre voie : l’utilisation du bore et de l’hydrogène, un combustible encore plus propre, car il ne génère pratiquement aucun neutron radioactif.
Cette effervescence attire désormais des investissements privés massifs. Alors que la fusion était autrefois le domaine exclusif des États et des programmes publics colossaux comme ITER, les start-ups multiplient les levées de fonds auprès de fonds d’investissement et de grandes entreprises énergétiques. Le pari est clair : être les premiers à franchir le seuil du bilan énergétique positif, condition indispensable pour transformer la recherche scientifique en révolution industrielle.
Les promesses sont vertigineuses. Une centrale à fusion pourrait produire une énergie quasi illimitée à partir de combustibles abondants comme l’hydrogène issu de l’eau de mer. De quoi répondre durablement aux besoins énergétiques de la planète, réduire la dépendance aux énergies fossiles et contribuer de façon décisive à la lutte contre le changement climatique. Certains experts n’hésitent plus à qualifier la fusion de « solution ultime » pour une transition énergétique globale.
Cependant, les défis techniques restent immenses. Le confinement du plasma, la résistance des matériaux face à des températures extrêmes et la mise au point d’infrastructures viables à grande échelle représentent encore des obstacles de taille. Même si un prototype fonctionnel voyait le jour d’ici 2030, la généralisation commerciale demanderait encore une ou deux décennies supplémentaires. Le risque de désillusion persiste donc, comme lors des promesses non tenues des décennies précédentes.
Malgré ces incertitudes, l’optimisme domine. Le fait que plusieurs approches technologiques progressent simultanément, soutenues par une combinaison de financements publics et privés, augmente la probabilité d’un succès. Si la fusion nucléaire parvient à franchir le cap du rendement positif et de la rentabilité, elle pourrait inaugurer une nouvelle ère énergétique, marquant le début d’un monde où l’électricité propre et abondante ne serait plus un rêve, mais une réalité accessible.
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