La montée en puissance du cyberespace comme champ de
confrontation a fait émerger une nouvelle forme de rivalité entre grandes
puissances : la cyberguerre silencieuse.
Les États-Unis ont récemment mis en lumière les activités de Volt Typhoon, accusé d’infiltrer discrètement des infrastructures critiques, notamment dans les secteurs de l’énergie, des transports et des télécommunications. L’objectif n’est pas uniquement l’espionnage, mais aussi la mise en place de points d’accès dormants pouvant être activés en cas de crise ou de conflit. Cette approche, qui privilégie la patience et la discrétion, illustre une stratégie chinoise de long terme visant à affaiblir ses rivaux tout en évitant l’escalade directe.
La Russie, pour sa part, s’est illustrée depuis des années dans ce domaine, notamment à travers des groupes comme APT28 (Fancy Bear) et Sandworm, souvent accusés d’attaques massives contre des institutions gouvernementales, des entreprises stratégiques et même des infrastructures énergétiques en Europe et aux États-Unis. Les cyberattaques russes se caractérisent par leur agressivité et leur capacité à perturber le fonctionnement d’infrastructures vitales, comme on l’a vu lors des attaques contre le réseau électrique ukrainien ou les campagnes de désinformation massives.
La Corée du Nord, bien que disposant de ressources technologiques plus limitées que la Chine ou la Russie, a développé une expertise redoutable dans le domaine du cyberespionnage et du cybervol. Des groupes comme Lazarus ont mené des campagnes spectaculaires, ciblant des banques, des plateformes de cryptomonnaies et même des institutions de défense. Pour Pyongyang, ces attaques ne servent pas seulement à collecter des informations sensibles, mais également à contourner les sanctions internationales et financer son programme nucléaire.
Ces campagnes révèlent que la cyberguerre contemporaine ne se limite plus à l’espionnage classique. Elles visent aussi à tester la résilience des adversaires, à affaiblir leur confiance dans leurs propres systèmes et à créer un climat permanent d’insécurité. L’absence de frontières physiques dans le cyberespace rend ces attaques particulièrement difficiles à contrer, tandis que l’imputabilité reste souvent floue : attribuer une attaque à un État donné demande des preuves techniques et diplomatiques rarement rendues publiques.
Face à cette montée des menaces, les grandes puissances occidentales renforcent leurs capacités de cyberdéfense et coopèrent davantage à travers des alliances comme l’OTAN ou des partenariats bilatéraux. Toutefois, la rapidité avec laquelle évoluent les techniques de piratage, combinée à l’usage croissant de l’intelligence artificielle, complique la tâche. Les États sont pris dans une course permanente pour protéger leurs infrastructures critiques et leurs données sensibles.
Ainsi, la cyberguerre silencieuse, incarnée par Volt Typhoon, Lazarus ou APT28, est devenue une composante majeure des relations internationales. Elle redéfinit la notion de puissance, plaçant la maîtrise de l’information et la capacité de nuisance numérique au cœur des stratégies nationales. Si aucune confrontation ouverte n’a encore éclaté, la multiplication des attaques laisse entrevoir un futur où le cyberespace pourrait devenir le principal champ de bataille des grandes puissances.
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