En 2025, une équipe internationale de chercheurs a réussi à
reconstituer le génome complet de Néandertaliens ayant vécu au Maroc il y a
environ 100 000 ans.
L’analyse de cet ADN ancien révèle que les Néandertaliens marocains présentaient des caractéristiques génétiques mixtes, témoignant d’échanges avec des populations d’Homo sapiens et possiblement d’autres espèces humaines telles que les Denisoviens. Cette découverte remet en question le modèle classique d’une Afrique isolée des Néandertaliens et suggère que les interactions entre espèces étaient plus fréquentes et plus anciennes qu’on ne le pensait. Elle éclaire également l’origine de certains gènes présents chez les populations actuelles du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
Ces résultats redéfinissent les routes migratoires préhistoriques. L’Afrique du Nord, loin d’être une impasse évolutive, aurait constitué une zone de contact majeure entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne. Les mouvements de populations auraient été plus bidirectionnels que ne l’indiquait le schéma traditionnel de « sortie d’Afrique ». Il est désormais envisageable que certaines innovations culturelles et technologiques aient circulé bien plus tôt entre ces régions, favorisant l’adaptation aux environnements changeants de l’époque glaciaire.
L’étude de cet ADN néandertalien marocain apporte également des indices précieux sur les conditions de vie et les stratégies de survie de ces populations. Les chercheurs ont identifié des marqueurs génétiques liés à l’immunité, à la pigmentation de la peau et à la tolérance alimentaire, suggérant une adaptation spécifique aux écosystèmes nord-africains. Ces éléments pourraient expliquer en partie la persistance de certains traits génétiques néandertaliens chez les humains modernes vivant dans des environnements similaires.
Sur le plan scientifique, cette découverte confirme l’importance de l’ADN ancien comme outil de réécriture de l’histoire humaine. Les progrès récents en bioinformatique et en préservation des échantillons permettent désormais de récupérer et d’analyser des fragments génétiques même dans des climats réputés défavorables, comme les zones arides du Maghreb. Cela ouvre la voie à d’autres études qui pourraient bouleverser notre compréhension des interactions entre espèces humaines.
Au-delà de la science, ces découvertes nourrissent une réflexion plus large sur notre identité et notre héritage commun. Elles rappellent que l’humanité n’est pas le fruit d’une évolution linéaire mais le résultat d’une mosaïque de rencontres, d’hybridations et d’échanges culturels. En mettant en lumière cette complexité, l’ADN ancien contribue à dépasser les visions simplistes des origines humaines et renforce l’idée d’une humanité profondément interconnectée dès ses débuts.
Enfin, ces travaux stimulent de nouvelles perspectives de recherche interdisciplinaire. Archéologues, paléogénéticiens et anthropologues travaillent désormais de concert pour croiser données génétiques, vestiges matériels et modèles climatiques. L’objectif est de reconstituer avec une précision inédite les migrations, les interactions et les évolutions régionales qui ont façonné notre espèce. L’ADN ancien, loin d’être une curiosité scientifique, devient ainsi une clé majeure pour comprendre les racines de la diversité humaine actuelle.
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼

www.kaleidoscope.ma
pour avoir accès à nos nombreuses rubriques,
à tous nos articles et à toutes nos pages.