La Déclaration de Kazan, à l’issue du sommet des Brics tenu à Kazan, du 22 au 24 octobre 2024 et les discussions qui l’entourent révèlent des dynamiques complexes au sein du nouvel ordre mondial multipolaire.. Lire plus
La « majorité mondiale » évoquée dans la déclaration des BRICS renvoie à la notion de Sud global, représentant les pays en développement et émergents, qui se sont souvent sentis marginalisés par l’ordre international dominant. Le sommet de Kazan semble cristalliser ce sentiment, avec une volonté affichée de « secouer le joug » de l’Occident. Cependant, cette volonté est nuancée par des choix de modèles de développement parfois contestables, illustrés, entre autres, par une présence chinoise en Afrique, souvent décriée comme une forme de néo-impérialisme, et qui soulèvent des questions sur la véritable autonomie et les motivations derrière cette quête de multipolarité.
Les critiques à l’encontre de l’Occident dans la Déclaration de Kazan soulignent une hypocrisie perçue dans sa politique étrangère, où la promotion de la démocratie et des droits de l’homme est souvent perçue comme sélective. Le discours sur la souveraineté des États est ainsi remis en question, tout comme les sanctions économiques qui peuvent être vues comme une forme d'impérialisme moderne. Cependant, la crédibilité des BRICS est également mise à l'épreuve par leurs propres pratiques, où le droit international est allègrement piétiné, ce qui complique leur position de critiques face à l'Occident.
Les données économiques révèlent une évolution majeure : les BRICS ont désormais une part du PIB mondial supérieure à celle du G7. Cela marque une redistribution du pouvoir économique à l’échelle mondiale, mais cela s'accompagne également de tensions internes au sein des BRICS, notamment entre la Chine, la Russie et les nouveaux membres, qui ont des intérêts parfois divergents.
La montée des cryptomonnaies comme alternatives au dollar américain est significative dans le contexte du sommet des BRICS. Ces pays, en promouvant des monnaies numériques et en renforçant leurs systèmes financiers indépendants, cherchent à diminuer leur dépendance vis-à-vis des institutions financières dominées par l’Occident. Ce phénomène s’inscrit dans une logique de contestation du dollar, considéré comme un symbole du pouvoir économique et politique occidental. La dynamique des cryptomonnaies symbolise une quête d’indépendance économique dans un paysage géopolitique en mutation
La Déclaration de Kazan, bien que formulant des aspirations de coopération et de respect du droit international, illustre les contradictions d'un monde multipolaire où les acteurs cherchent à redéfinir les normes établies. Les critiques des actions occidentales doivent être confrontées à l’évaluation des pratiques des pays du « Sud global », qui regroupe en vrac pays émergents et pays plus ou moins arriérés. L’avenir de cet ordre multipolaire dépendra de la capacité de ces pays à transcender leurs propres contradictions tout en formant une coalition cohérente contre les anciennes puissances dominantes
