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16 octobre 2024

ANALYSE : Maroc ; économie résiliente et climat socio-économique morose- Par J. Hafati


L'économie marocaine montre des signes de résilience et de reprise, comme le souligne le rapport de l'OCDE du 11 septembre 2024. Cependant, des défis structurels persistent, en particulier en ce qui concerne l'intégration des jeunes sur le marché du travail et la qualité de vie, ce qui soulève des interrogations sur le bien-être social et économique de cette tranche de la population. Lire plus


1. Contexte macroéconomique positif

Le rapport note une croissance du PIB projetée à 3,5 % pour 2024, soutenue par l'investissement et les exportations, ainsi qu'une inflation en baisse à 2,3 %. Ces éléments témoignent d'une stabilité macroéconomique et d'une gestion budgétaire améliorée. Toutefois, cette croissance ne se traduit pas toujours par une amélioration des conditions de vie pour tous les segments de la population, en particulier les jeunes.

2. Problématique des « ni-ni » et chômage des jeunes

Malgré le dynamisme économique, environ 25 % des jeunes marocains sont qualifiés de « ni-ni », c'est-à-dire qu'ils ne sont ni scolarisés ni en emploi. Cette situation est préoccupante car elle indique un échec à intégrer une part significative de la jeunesse dans le système éducatif et sur le marché du travail. Ce phénomène est exacerbé par le taux de chômage élevé chez les jeunes, qui reflète une inadéquation entre les compétences acquises par les jeunes et les besoins du marché.

3. Volonté d’émigration : Un autre aspect alarmant est le fait que 55 % des jeunes souhaitent émigrer, selon un sondage. Ce désir d'émigration est souvent motivé par des perspectives économiques limitées, un marché du travail saturé et un manque d'opportunités de carrière de qualité. La quête de meilleures conditions de vie à l'étranger souligne un désenchantement face à l'avenir au Maroc, malgré les efforts de développement économique du pays.

4. Climat social morose

Le climat social peut également être perçu comme morose, influencé par la montée des inégalités et le sentiment d'abandon ressenti par de nombreux jeunes. L'économie informelle, qui persiste, crée des emplois précaires et maintient une partie significative de la population dans la pauvreté. Les défis tels que le manque de protection sociale et de reconnaissance des droits des travailleurs dans l'économie informelle amplifient ce sentiment.

5. Réformes nécessaires

Pour remédier à ces problématiques, plusieurs réformes sont indispensables :

Éducation et formation : Renforcer l'éducation professionnelle et les programmes de formation pour mieux aligner les compétences des jeunes avec les besoins du marché.

Inclusion sociale : Mettre en œuvre les réformes de protection sociale pour assurer un filet de sécurité pour les jeunes et les familles, tout en réduisant les impôts sur les bas salaires.

Lutte contre l'informalité : Établir un cadre légal et fiscal plus équitable pour les entreprises, afin d'inciter les travailleurs de l'économie informelle à rejoindre le secteur formel.

Promotion de l'égalité des genres : Renforcer les initiatives pour améliorer l'emploi des femmes et lutter contre les stéréotypes qui limitent leurs opportunités.

En dépit des avancées économiques notables, le Maroc doit s'attaquer aux problèmes de jeunesse et de chômage pour garantir un développement inclusif. La prise de conscience des défis, combinée à des réformes ambitieuses, est essentielle pour transformer la dynamique économique actuelle en bénéfices tangibles pour la population, notamment les jeunes, afin de construire un avenir plus prometteur et plus stable.