L’analyse de
la transition actuelle vers un nouvel ordre mondial révèle une recomposition
complexe des rapports de force globaux, alimentée par des rivalités
géopolitiques, des ambitions économiques et des fractures idéologiques. Cette
période transitoire est marquée par l'effritement de l'hégémonie occidentale,
la montée de puissances émergentes comme la Chine et l'Inde, et l'activation de
mécanismes multipolaires portés notamment par les BRICS. Lire plus
1. Une recomposition multipolaire accélérée
L'ordre mondial unipolaire qui a dominé l'après-guerre-froide est de plus en plus contesté. La Russie, sous Vladimir Poutine tente de réaffirmer sa sphère d'influence par des actions militaires et des stratégies hybrides. Les guerres en Tchétchénie, Géorgie et Ukraine illustrent une volonté de créer des faits accomplis face à un Occident qu'elle perçoit comme affaibli. L'échec de l'invasion éclair en Ukraine a cependant exposé les limites de cette stratégie, renforçant paradoxalement l'OTAN et isolant davantage Moscou économiquement et diplomatiquement.
Bien que la Chine soutienne discrètement la Russie, son objectif principal est de redéfinir les règles du jeu mondial à son avantage, notamment par l'initiative Belt and Road et l'influence croissante dans les institutions internationales. Elle vise une stratégie d'usure de l'Occident en Europe pour préparer le terrain à ses ambitions sur Taïwan et dans l’Asie-Pacifique.
2. Un Sud global en quête d'autonomie
Les pays du Sud, dit « global », aspirent à réduire leur dépendance à l’égard de l’Occident, tant sur le plan économique que politique. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) cherchent à promouvoir un contrepoids au système dominé par les États-Unis et leurs alliés. L’expansion récente de ce groupe illustre une volonté de construire des alternatives, notamment par la dé-dollarisation des échanges.
Les fractures Nord-Sud sont amplifiées par les crises économiques, climatiques et sanitaires. De nombreux pays perçoivent les mécanismes de domination occidentaux (FMI, Banque mondiale) comme des freins à leur développement.
3. l'affaiblissement potentiel de l'Occident
Avec la reconquête de la Maison-Blanche par Donald Trump en janvier 2025, pourrait être privilégiée une politique isolationniste et protectionniste, qui affaiblirait la cohésion transatlantique. Le de Trump mépris pour les alliances traditionnelles, comme l’OTAN, pourrait encourager des fissures dans le bloc occidental.
D’un autre côté, la stratégie « America First » pourrait créer un vide stratégique dans des régions comme l’Europe de l’Est ou le Pacifique, ouvrant la voie à des agressions par des puissances comme la Russie ou la Chine. En outre, Trump pourrait accélérer la désinstitutionalisation des normes démocratiques et des cadres multilatéraux.
4. Les mécanismes en œuvre dans cette période transitoire
La concurrence pour l’accès aux ressources stratégiques (énergie, métaux rares) alimente les rivalités. La technologie, notamment l’intelligence artificielle et les réseaux 5G, est un terrain clé de la compétition. Les pressions migratoires, exacerbées par le climat et les conflits, bouleversent les équilibres régionaux et alimentent les tensions politiques. Les institutions multilatérales sont contestées par leur incapacité à répondre aux défis globaux, favorisant des alliances opportunistes et des accords bilatéraux
En conclusion, la transition vers un nouvel ordre mondial est caractérisée par des incertitudes et des recompositions stratégiques majeures. Cette période, dominée par des tensions entre déclin occidental et affirmation des puissances émergentes, pourrait déboucher sur un équilibre multipolaire ou sur un morcellement exacerbé. L’évolution de la situation dépendra largement de la capacité des acteurs à négocier ce tournant sans succomber à la logique de confrontation globale.
