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05 janvier 2025

ANALYSE : Les énergies renouvelables face à l’influence persistante du pétrole et du gaz. Perspectives 2025- Par G. Amidot

Publié le 5 janvier 2025
 
 

L'année 2024 a marqué un tournant pour la transition énergétique mondiale, avec des tensions géopolitiques persistantes et des objectifs climatiques ambitieux dictant les stratégies énergétiques des États. Malgré une accélération des investissements dans les énergies renouvelables, le pétrole et le gaz continuent de jouer un rôle central dans l'économie mondiale, notamment en raison de la demande énergétique croissante dans les pays en développement. Lire plus


Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont dépassé les 1700 milliards de dollars en 2024, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le solaire et l'éolien dominent cette croissance, représentant près de 70 % des nouvelles capacités énergétiques installées.

L'hydrogène vert commence à trouver une application industrielle, avec des projets pilotes à grande échelle en Europe et en Asie. L'Afrique, grâce au soutien des institutions internationales, connaît un essor de projets solaires dans des régions historiquement sous-électrifiées.

La montée en puissance des énergies renouvelables reste inégale entre pays développés et en développement. Des problèmes liés aux infrastructures, au financement et à la stabilité politique ralentissent cette transition dans certaines régions.

Les technologies de stockage de l'énergie (batteries) ne sont pas encore suffisantes pour compenser l'intermittence des sources renouvelables.

Du fait du conflit en Ukraine, la crise énergétique européenne continue d’encourager les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) pour pallier les réductions des flux russes.

Les économies émergentes (notamment en Asie) continuent d'accroître leur demande en pétrole et en gaz, malgré les engagements climatiques. La volatilité des prix du pétrole et du gaz a renforcé l'attrait de ces ressources pour les pays exportateurs, freinant leur transition énergétique. Le Moyen-Orient, malgré sa rhétorique sur les énergies renouvelables, a intensifié ses projets d'extraction pétrolière, particulièrement en Arabie saoudite (programme Vision 2030).

La Russie, isolée économiquement, a redirigé ses exportations de pétrole et de gaz vers la Chine et l’Inde, réduisant ainsi l’efficacité des sanctions occidentales.

La transition énergétique dépend des terres rares (lithium, cobalt, nickel), contrôlées en grande partie par la Chine. Cette dépendance crée de nouvelles tensions géopolitiques. Les États-Unis et l’UE ont intensifié leurs stratégies pour sécuriser leurs approvisionnements via des partenariats avec l’Amérique latine et l’Afrique.

Les grandes multinationales du secteur fossile, comme BP et Shell, continuent d’investir dans les renouvelables, mais leurs revenus principaux proviennent toujours du pétrole et du gaz. Les stratégies annoncées pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 restent critiquées pour leur manque de transparence et de cohérence.

Une baisse continue des coûts du solaire et de l'éolien pourrait élargir leur adoption, même dans les économies émergentes. L'essor des technologies de batteries à flux (flow batteries) et du stockage thermique pourrait résoudre en partie les défis liés à l’intermittence.

Les ambitions de l'UE (objectif de 45 % d'énergie renouvelable en 2030) pourraient pousser d'autres grandes économies à accélérer leur transition. Cependant, les efforts de l'OPEP+ pour maintenir les prix du pétrole à des niveaux élevés pourraient ralentir la substitution des énergies fossiles par des renouvelables.

Les besoins croissants en gaz pour la production d'ammoniac vert (engrais durable) et d'hydrogène bleu pourraient maintenir la demande à court terme. Les tensions entre la Chine et l'Occident sur les terres rares pourraient entraîner une diversification accélérée des chaînes d'approvisionnement. Des alliances entre pays émergents riches en ressources (Afrique, Amérique latine, Asie) pourraient redéfinir le marché mondial des énergies renouvelables.

Tandis que l'Europe et certaines régions d'Asie investissent massivement dans les renouvelables, des régions comme le Moyen-Orient pourraient rester dominées par les hydrocarbures.

En 2024, le monde reste à un carrefour énergétique, marqué par une montée en puissance des renouvelables qui se heurte à l’influence tenace des hydrocarbures. À l’horizon 2025, une cohabitation entre ces deux paradigmes semble probable, dictée par des dynamiques géopolitiques complexes, des contraintes technologiques et des choix économiques nationaux. Une transition juste et équitable nécessitera des efforts coordonnés pour réduire les disparités régionales et garantir une sécurité énergétique durable.