À LA UNE
SUIVEZ-NOUS SUR Suivez-nous

27 février 2025

ÉCONOMIE : L’économie informelle au Maroc ; évaluation de son poids et des stratégies pour son intégration

Par : J. Hafati

 Publié le 27  février 2025

L’économie informelle occupe toujours au Maroc une place prépondérante en cette fin 2024 et début 2025. Lire plus

Selon les estimations récentes, elle représenterait environ 30 % du PIB national et emploierait des millions de travailleurs, en particulier dans les secteurs du commerce, de l’artisanat et des services. Ce phénomène est le fruit de divers facteurs, notamment la complexité administrative, la fiscalité lourde, ainsi que la difficulté d’accès aux financements pour les petites entreprises. Si l’informalité permet de générer des revenus pour une large part de la population, elle prive également l’État de recettes fiscales conséquentes et limite l’accès des travailleurs à une protection sociale adéquate.

La persistance de l’économie informelle au Maroc s’explique par un tissu économique composé en grande partie de microentreprises et d’unités de production artisanales. Pour de nombreux entrepreneurs, les démarches de formalisation sont perçues comme coûteuses et complexes, les dissuadant ainsi d’intégrer le secteur formel. Par ailleurs, la faible bancarisation et l’utilisation massive du cash rendent difficile la traçabilité des transactions, renforçant l’ancrage de l’informalité. Ce phénomène est aussi amplifié par la faiblesse du marché du travail formel, qui peine à absorber la main-d’œuvre disponible, notamment les jeunes et les femmes.

Face à ces défis, les autorités marocaines ont mis en place plusieurs stratégies pour encourager l’intégration progressive de l’économie informelle dans le circuit formel. Parmi celles-ci, le programme du Registre Social Unifié (RSU) vise à mieux identifier les travailleurs précaires et à leur offrir un cadre d’accompagnement pour accéder aux services publics et à la protection sociale. De plus, la réforme de la couverture sociale universelle, initiée en 2021 et poursuivie jusqu’en 2024, permet aux travailleurs non déclarés de bénéficier d’une assurance maladie et de droits sociaux, ce qui pourrait les inciter à régulariser leur situation.

Un autre levier important concerne l’auto-entrepreneuriat, qui a connu un essor significatif grâce aux incitations fiscales et à la simplification des démarches d’enregistrement. Le statut d’auto-entrepreneur, introduit en 2015, a été renforcé ces dernières années avec des exonérations fiscales et une meilleure intégration aux circuits de financement. Cependant, malgré ces avancées, le dispositif souffre encore d’un manque d’attractivité pour certains acteurs du secteur informel, notamment les petits commerçants et artisans, qui craignent de voir leurs charges augmenter une fois déclarés.

L’intégration de l’économie informelle passe également par une modernisation du système fiscal et une simplification des procédures administratives. En 2024, le Maroc continue de déployer des solutions numériques, telles que la dématérialisation des services administratifs et le paiement électronique, afin de faciliter l’accès aux démarches de formalisation. Ces outils permettent aussi de réduire la corruption et d’améliorer la transparence des transactions, rendant le passage au secteur formel plus attractif pour les acteurs de l’informel.

Enfin, la lutte contre l’informalité nécessite un changement de mentalité et une meilleure sensibilisation des travailleurs et entrepreneurs aux avantages du secteur formel. Des campagnes de communication et des programmes de formation professionnelle adaptés aux réalités du marché pourraient contribuer à une transition plus fluide. De plus, une meilleure coordination entre l’État, le secteur privé et les associations professionnelles est essentielle pour proposer des solutions adaptées aux différentes catégories d’acteurs concernés.

Bien que des progrès notables aient été réalisés dans l’intégration de l’économie informelle au Maroc, celle-ci demeure un défi majeur en 2024. La réussite des réformes engagées dépendra de la capacité du gouvernement à rendre le passage à la formalité plus attractif, en réduisant les contraintes administratives et fiscales, tout en garantissant des avantages concrets aux travailleurs et entrepreneurs concernés.


ABONNEZ-VOUS👍 SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼

Retour à l'accueil