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08 février 2025

INTERNATIONAL: La souveraineté numérique face à la domination des géants technologiques- Par G. Amidot

 Publié le  8 février 2025

À l’ère du numérique, la souveraineté des nations est de plus en plus mise à l’épreuve par la domination des géants technologiques. Ces entreprises, principalement américaines et chinoises, contrôlent une part écrasante des infrastructures numériques, des services en ligne et, plus récemment, du développement de l’intelligence artificielle (IA). Cette dépendance croissante soulève des enjeux stratégiques majeurs pour les États qui peinent à imposer leur propre vision du numérique. Lire plus


La montée en puissance de l’IA accélère cette dynamique, rendant encore plus aiguë la question de l’indépendance technologique. OpenAI, Google DeepMind, Microsoft, Amazon ou encore Baidu investissent des milliards de dollars dans le développement de modèles d’IA toujours plus avancés. Or, ces avancées ne sont pas neutres : elles façonnent les normes, influencent les usages et renforcent l’emprise de ces entreprises sur les écosystèmes numériques mondiaux. Pour les États, la souveraineté numérique devient ainsi une question de survie économique et politique.

Face à cette domination, plusieurs nations tentent de reprendre le contrôle. L’Union européenne, par exemple, met en place des cadres réglementaires comme l’AI Act pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA, tout en renforçant la protection des données avec le RGPD (Règlement Général De Protection Des Données ). De leur côté, la Chine et la Russie privilégient une approche plus protectionniste, en favorisant des acteurs locaux et en imposant des restrictions aux entreprises étrangères. Cependant, ces initiatives se heurtent à la puissance d’innovation et aux ressources financières colossales des géants du numérique.

Le retard technologique de nombreux pays accentue également leur dépendance. La recherche en IA nécessite des infrastructures de pointe, des talents spécialisés et d’énormes volumes de données. Or, seuls quelques acteurs dominants possèdent ces ressources. Ce déséquilibre réduit la capacité des États à développer leurs propres solutions et les contraint à utiliser des technologies étrangères, augmentant ainsi leur vulnérabilité en matière de cybersécurité et de contrôle des données.

Une autre conséquence de cette domination est l’influence géopolitique qu’exercent ces entreprises. Les tensions entre les États-Unis et la Chine autour des semi-conducteurs ou encore les restrictions imposées à Huawei montrent bien que la technologie est devenue un instrument de pouvoir. De plus, les entreprises du numérique peuvent, à travers leurs algorithmes et leurs plateformes, orienter l’information, influencer les comportements et, in fine, peser sur les démocraties et les économies nationales.

Pour renforcer leur souveraineté numérique, les États doivent investir massivement dans leurs propres capacités de recherche et développement en IA. Cela passe par la création de centres d’innovation, la formation de talents et la mise en place d’un cadre juridique adapté. Des collaborations stratégiques entre États et entreprises locales sont également nécessaires pour réduire la dépendance aux technologies étrangères. L’exemple de Gaia-X en Europe, une initiative visant à créer un cloud souverain, illustre cette volonté de construire des alternatives viables aux solutions américaines et chinoises.

En définitive, la souveraineté numérique face aux géants technologiques est un défi majeur à l’heure où l’IA redéfinit les rapports de force mondiaux. Si certaines nations parviennent à poser des garde-fous, l’avance technologique des grandes entreprises reste considérable. L’enjeu est donc de trouver un équilibre entre innovation, protection des intérêts nationaux et coopération internationale, afin d’éviter que la révolution de l’IA ne renforce davantage les inégalités entre nations.




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