
Les événements des 9 et 10 mai 2025
illustrent avec force la polarisation géopolitique croissante du monde
contemporain.
Les BRICS+, qui regroupent désormais le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, mais aussi de nouveaux membres comme l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Indonésie et les Émirats arabes unis, représentent environ 51 % de la population mondiale et 40 % du PIB global en parité de pouvoir d’achat. Ce groupe promeut un ordre mondial multipolaire et conteste l’hégémonie économique et politique des puissances occidentales. Plusieurs initiatives portées par les BRICS+, notamment la volonté de développer les échanges commerciaux en monnaies locales et de réduire la dépendance au dollar américain, traduisent cette ambition. À travers leur présence à Moscou, les représentants de ces pays affichent une solidarité stratégique avec la Russie, dans une logique d’opposition au modèle occidental et aux sanctions internationales.
Le contraste est saisissant avec la scène diplomatique du 10 mai, où les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Pologne et du Royaume-Uni se sont rendus ensemble à Kiev pour exprimer leur soutien indéfectible à l’Ukraine face à l’agression russe. Cette visite collective revêt une forte charge symbolique : elle manifeste l’unité retrouvée d’une Europe qui, malgré des divisions internes et des pressions économiques, choisit de se positionner clairement aux côtés de Kyiv. L’Union européenne, avec un PIB estimé à plus de 18 500 milliards de dollars, demeure une puissance économique majeure représentant environ 17,6 % de l’économie mondiale. Son engagement en faveur de l’Ukraine reste fort, tant sur le plan militaire que financier.
Cependant, l’évolution politique aux États-Unis jette une ombre sur cette solidarité transatlantique. Les errements de Donald Trump à la Maison-Blanche ont ravivé les incertitudes quant à la fiabilité de l’OTAN et au rôle des États-Unis comme garants de la sécurité européenne. Son approche plus isolationniste, ses critiques répétées envers les institutions internationales, et sa politique économique protectionniste ne laissent pas présager un soutien aussi constant qu’auparavant envers les alliés européens. Dans ce contexte, l’Europe semble déterminée à s’affirmer davantage de manière autonome, même si les divisions internes peuvent fragiliser cette ambition.
Ainsi se dessinent les prémisses d’un nouvel ordre mondial. D’un côté, un bloc sino-russe élargi, s’appuyant sur les BRICS+ et un Sud global en quête de rééquilibrage, animé par le rejet du monopole occidental sur les affaires du monde. De l’autre, une Europe qui tente de préserver les valeurs démocratiques et l’ordre international fondé sur le droit, mais qui doit composer avec une Amérique de plus en plus imprévisible. Ce face-à-face géopolitique pourrait structurer les grandes évolutions des prochaines années, non pas nécessairement sous la forme d’une guerre froide classique, mais comme une compétition systémique entre deux visions du monde, deux modèles économiques et deux conceptions du pouvoir.
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