Depuis son retour à la Maison Blanche en novembre 2025, Donald Trump a relancé avec vigueur l’un de ses marqueurs économiques favoris : l’augmentation des droits de douane.
Une politique à la tête du client
La doctrine économique de Donald Trump repose sur l’idée que les États-Unis sont désavantagés dans les échanges internationaux, en particulier vis-à-vis de la Chine, du Mexique et de l’Union européenne. Dès son retour au pouvoir, il a relancé les tarifs punitifs sur plusieurs catégories de produits : voitures électriques chinoises (portées à 100 %), aluminium et acier européen (augmentés à 25 %), batteries coréennes, panneaux solaires asiatiques, produits agricoles sud-américains…
Mais ce qui frappe, ce n’est pas tant l’ampleur des hausses que leur volatilité. Certains droits de douane sont appliqués pour quelques semaines avant d’être suspendus, puis réactivés. D’autres sont modulés selon des critères géopolitiques plus qu’économiques. Un pays allié sur un dossier stratégique (comme l’OTAN) peut voir ses tarifs abaissés temporairement, tandis qu’un autre est puni pour sa neutralité dans un conflit ou son refus de signer un accord bilatéral.
Par exemple :
- Chine : droits de 100 % sur les voitures électriques, puis réduction à 50 % après des pourparlers diplomatiques, avant retour à 75 % le mois suivant.
- Union européenne : hausse sur le vin français puis retrait partiel après protestations allemandes.
- Vietnam : exonération sur les semi-conducteurs en avril, taxation en juin, exemption de nouveau annoncée pour août.
Une stratégie critiquée et déstabilisante
De nombreux économistes dénoncent l’imprévisibilité de ces mesures, jugées plus politiques qu’économiques. Elles provoquent une incertitude massive pour les entreprises exportatrices vers les États-Unis, qui doivent réadapter en permanence leurs chaînes d’approvisionnement et stratégies de prix.
Même au sein des États-Unis, certains industriels s’inquiètent. Le National Retail Federation a récemment déclaré que ces hausses tarifaires risquaient de provoquer une augmentation généralisée des prix à la consommation, en particulier dans l’électronique, l’alimentation, et les biens de consommation courante. D’autres redoutent des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux américains, comme ce fut le cas lors du premier mandat Trump (2017–2021), où la Chine avait imposé ses propres taxes sur le soja et le bœuf américains.
Une efficacité économique contestée
Selon plusieurs études de la Peterson Institute for International Economics et de la Brookings Institution, les tarifs douaniers trumpiens n’ont pas significativement réduit le déficit commercial américain. Ils ont parfois déplacé les importations vers d'autres pays, sans réellement relocaliser la production aux États-Unis, comme promis. En outre, ils ont coûté des milliards de dollars aux entreprises et aux consommateurs américains, sans gains clairs à long terme.
Des experts soulignent aussi que cette politique sape la stabilité du commerce mondial, car elle remet en question les règles établies par l’OMC et favorise le bilatéralisme agressif au détriment du multilatéralisme coopératif.
Perspectives : vers une douane instable et politisée ?
L’annonce de nouveaux droits de douane à partir du 1er août 2025 s’inscrit dans cette logique : Trump veut frapper vite, fort et symboliquement. Mais cette approche soulève de sérieuses interrogations sur sa tenabilité. D’un point de vue économique, une telle politique tarifaire à géométrie variable fragilise les alliances commerciales, alimente l’inflation et pousse certains pays à créer des circuits alternatifs — y compris technologiques — pour contourner les États-Unis.
D’un point de vue politique, elle peut séduire une base électorale sensible aux discours souverainistes, mais risque d’aliéner des partenaires stratégiques. À long terme, les droits de douane ne peuvent remplacer une politique industrielle cohérente et planifiée. En l’absence d’une telle vision, la valse douanière de Donald Trump pourrait bien se transformer en un tango de déséquilibres globaux.
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