Le premier défi pour le Maroc, face aux flux massifs de supporters, tient à la capacité et à la résilience des réseaux routiers. Les axes d’accès aux stades et aux grandes places doivent absorber des pics très concentrés — arrivée en deux ou trois heures, puis départ simultané — ce qui exige plus que de la simple largeur de voie : il faut des itinéraires dédiés, des parkings relais et des voies réservées pour navettes.
Le déploiement et l’intégration du train à grande vitesse (TGV) jouent un rôle central pour déplacer de grandes masses sur de longues distances sans saturer les routes. En reliant efficacement les pôles régionaux aux métropoles hôtes, les lignes à grande vitesse réduisent les trajets en voiture et concentrent les arrivées sur gares capables d’absorber de grands volumes. Toutefois, la gare doit être pensée comme un hub multimodal : correspondances rapides avec tram, bus urbains et navettes spéciales, quais dimensionnés et gestion des flux piétons pour éviter les goulots d’étranglement.
Les navettes spéciales — bus express, micro-navettes électriques et liaisons ferroviaires dédiées — représentent le dernier maillon avant le site. Pour les événements sportifs, ces navettes doivent être réservables, cadencées et priorisées (voies réservées) ; l’utilisation de mini-hubs (parkings relais en périphérie) diminue la pression sur le centre. La gestion des fréquences doit être adaptative : renforcer la cadence avant/après le match et réduire la gêne pour les riverains en concertation avec les autorités locales.
La gestion des embouteillages et du stationnement nécessite une approche numérique et humaine combinée. Systèmes de navigation en temps réel, panneaux à messages variables, information multimodale (apps, radios locales) et contrôle par agents sur le terrain permettent d’ajuster la réponse. Le stationnement malin (réservation en ligne, tarification dynamique, parkings temporaires) empêche le stationnement anarchique et accélère la rotation des véhicules. Il faut aussi intégrer des mesures de sécurité — voies d’évacuation, accès secours — pour réduire les risques lors de concentrations massives.
L’aspect sécurité et sûreté influe directement sur la mobilité : filtrage, fouilles, zones tampons et protocoles d’évacuation ralentissent les flux s’ils ne sont pas bien orchestrés. Une coordination étroite entre organisateurs, forces de l’ordre et opérateurs de transport est indispensable, ainsi que des simulations et exercices préalables. Parallèlement, le confort des supporters (toilettes, points d’eau, information) à proximité des hubs de transport évite des mouvements inutiles et la congestion inattendue.
Sur le plan environnemental et de durabilité, privilégier des flottes électriques pour navettes, inciter au covoiturage et démultiplier l’offre de transports collectifs réduit l’empreinte carbone des événements. À l’horizon 2030, la planification doit intégrer la transition énergétique : bornes de recharge aux parkings relais, priorité aux modes doux pour le dernier kilomètre (vélos, trottinettes partagées) et compensation des émissions liées aux grands rassemblements.
Enfin, pour transformer la contrainte en opportunité, il faut planifier des héritages durables : investissements dans les infrastructures qui servent toute l’année (gares, voies réservées, systèmes d’information), adoption d’outils de modélisation des flux pour prévoir et tester différents scénarios, et gouvernance concertée entre État, collectivités et privés. Les événements de 2025 doivent être des bancs d’essai pour des solutions évolutives en 2030, afin que les grandes vagues de supporters deviennent un catalyseur d’amélioration structurelle et non une source récurrente de paralysie urbaine.
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