
Le webinaire, contraction des mots « web » et « séminaire », est né dans les années 1990 avec l’essor de l’internet grand public.
Il s’agit d’un format de conférence interactive diffusée en ligne, qui peut être en direct ou enregistrée, et qui permet aux participants de suivre des présentations, d’interagir via des chats, de poser des questions ou de répondre à des sondages. Ce mode de communication s’est imposé progressivement dans les milieux professionnels et académiques comme un outil pratique de formation, de diffusion de savoirs et de réunion à distance, notamment grâce à des plateformes comme WebEx, GoToWebinar, Zoom ou Adobe Connect.À ses débuts, le webinaire avait une vocation essentiellement pédagogique ou collaborative. Il permettait aux enseignants, aux chercheurs, aux entreprises ou aux institutions de former des publics dispersés géographiquement à moindre coût, sans les contraintes logistiques d’un événement physique. Mais dès les années 2010, son usage s’est largement étendu et intensifié dans les disciplines numériques émergentes, devenant un levier de diffusion d’expertise mais aussi, dans certains cas, un instrument de marketing ou de manipulation.
Le domaine de la cryptomonnaie, par exemple, a rapidement vu dans le webinaire un outil de communication stratégique. Lors du boom du Bitcoin en 2017, de nombreux webinaires ont été organisés pour sensibiliser le public à la blockchain, expliquer le fonctionnement des monnaies numériques, ou encore promouvoir des projets de financement participatif comme les ICO (Initial Coin Offering). Cependant, derrière l’apparente volonté d’éducation, ces rencontres en ligne ont souvent servi à vendre des formations coûteuses ou à appâter des investisseurs dans des opérations spéculatives, voire frauduleuses. Le webinaire, dans ce contexte, est parfois devenu un écran pédagogique pour des stratégies d’enrichissement douteuses.
Dans le champ de la cybersécurité, les webinaires ont pris une importance croissante en tant qu’outil de veille et de formation. Ils permettent à des experts d’expliquer en temps réel des attaques informatiques, de partager des démonstrations techniques ou de sensibiliser à la protection des données. Des instituts spécialisés, des éditeurs de solutions de sécurité et des consultants indépendants s’en servent pour former des professionnels, lancer des produits ou promouvoir des services. L’interactivité et la technicité du format sont ici particulièrement bien exploitées pour rendre accessibles des contenus complexes à des publics spécialisés.
De manière plus générale, les secteurs technologiques et scientifiques utilisent largement le webinaire pour diffuser les nouveautés, vulgariser les résultats de recherche ou présenter des innovations logicielles. Les grandes entreprises comme Microsoft ou Google, mais aussi les startups et les laboratoires, organisent régulièrement ces événements pour établir un contact direct avec leurs communautés, recueillir des retours ou générer de nouveaux prospects. Le webinaire est alors à la fois un outil d’évangélisation technologique et un canal marketing, permettant de positionner une expertise ou une solution sur un marché donné.
L’intelligence artificielle, enfin, a vu une explosion de webinaires à partir de 2020, notamment avec la montée en puissance des technologies comme les modèles de langage ou les IA génératives. Des chercheurs, des entreprises, des influenceurs ou même des autodidactes se sont emparés de ce format pour expliquer les enjeux de l’IA, promouvoir des outils, lancer des formations ou rassembler des communautés. Là encore, si une partie de ces contenus contribue réellement à la démocratisation du savoir, une autre se contente de recycler des discours simplistes, voire de promettre des compétences miracles en quelques heures de formation. Le webinaire devient parfois un produit marketing plus qu’un espace de réflexion, avec une multiplication de contenus « fast learning » peu exigeants sur la qualité scientifique.
Ainsi, l’évolution du webinaire dans les disciplines numériques reflète une double dynamique. D’un côté, il s’est révélé être un vecteur puissant de partage des connaissances, de montée en compétence, et de mise en relation à l’échelle globale. De l’autre, son accessibilité technique et son pouvoir de captation ont favorisé certaines dérives : récupération commerciale, surenchère de promesses, mise en scène d’expertise douteuse, voire manipulation des novices. Le webinaire est donc à la fois un instrument d’éducation numérique et un miroir des tensions entre savoir et opportunisme dans l’écosystème digital contemporain.
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