Il faut croire qu’à Alger, la diplomatie se pratique à coups de portes claquées. Depuis quelques années, le pays a multiplié les fronts d’hostilité, au point de s’enfermer dans une spirale d’isolement régional et international.
Trois grands blocs cristallisent cette dérive : le Maroc, la France, et les pays du Sahel. Trois foyers de tension, trois échecs stratégiques, et une constante : l’entêtement jusqu’au-boutiste du régime algérien, souvent suivi… d’un pénible rétropédalage.Le premier front est sans conteste celui avec le voisin et le bouc émissaire depuis la création de l’Algérie en 1962, le Maroc. L’Algérie a fait du dossier du Sahara occidental un point d’honneur, un dogme intangible, quitte à saborder tout espoir de coopération régionale. En rompant unilatéralement ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021, Alger a franchi un nouveau seuil dans son hostilité. Et pourtant, dans cette affaire, le monde bouge, mais l’Algérie reste figée. Quand l’Espagne a reconnu la marocanité du Sahara, Alger a immédiatement rappelé son ambassadeur, gelé les échanges, stoppé les discussions énergétiques… pour mieux les reprendre quelques mois plus tard, discrètement, contrainte par ses propres fragilités économiques. Pire encore, Alger n’a soufflé mot lorsque Washington, sous Trump puis sous Biden, a confirmé la souveraineté marocaine sur le territoire. Deux poids, deux mesures ? Ou simple aveu d’impuissance ?
Avec la France, l’Algérie entretient une relation quasi pathologique, faite de va-et-vient diplomatiques et de déclarations incendiaires. La mémoire coloniale reste un point de crispation majeur. Alger réclame des excuses officielles tandis que Paris, dans un équilibre précaire, tente tant bien que mal d’avancer vers une réconciliation apaisée. Mais les tensions ne se limitent pas au passé : les échanges houleux autour des visas, la cyberagitation, les barbouzeries en tout genres, les transgressions judiciaires.. les accusations mutuelles de cyber-espionnage, ou encore les divergences sur les traités de coopération sont autant de signes d’un malaise profond. Là encore, Alger joue la carte de la rupture… pour mieux revenir à la table, lorsque les enjeux migratoires, sécuritaires ou énergétiques l’y obligent.
Le dernier terrain de friction est celui du Sahel. L’Algérie, qui se rêve en puissance régionale stabilisatrice, voit aujourd’hui son rôle contesté. Le retrait des forces françaises du Mali, du Niger et du Burkina Faso a laissé un vide que l’Algérie espérait combler. Mais sa volonté de s’imposer comme arbitre l’a poussée à engager un bras de fer avec ses voisins sahéliens. L’accusation d’instrumentalisation du terrorisme, les querelles sur les mouvements transfrontaliers, les tensions autour des groupes armés et des réfugiés ont contribué à tendre les relations. Résultat : un dialogue régional au point mort et une méfiance croissante vis-à-vis d’un acteur jugé peu fiable et souvent perçu comme donneur de leçons.
Le trait commun à ces trois fronts est frappant : une diplomatie guidée par la fierté, parfois l’orgueil nationaliste, rarement par une vision stratégique à long terme. Alger souffle le chaud et le froid, coupe les ponts avant de vouloir les réparer, fustige aujourd’hui ce qu’elle tentera de négocier demain. Le résultat ? Une perte d’influence, un isolement diplomatique, et une crédibilité en berne.
L’Algérie souffre d’une myopie géopolitique : elle confond fermeté avec entêtement, souveraineté avec intransigeance. Et à force de foncer tête baissée dans chaque conflit, elle s’épuise à revenir sur ses pas. La triple peine, ce n’est pas tant d’avoir trois différends majeurs. C’est de les avoir mal gérés, avec arrogance d’abord, avec contrition ensuite.
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼