L'affaire Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis déjà trois mois, a mis en lumière une contradiction profonde au sein des idées dites "de gauche". Les deux représentantes de La France Insoumise, par leur prise de position lors du vote au Parlement européen sur la libération du romancier, l'une contre et l'autre s’abstenant, ont incarné cette hypocrisie idéologique. Leur posture révèle une tendance plus large à préserver un label de gauche, sans se soucier des réalités géopolitiques, économiques et sociales auxquelles ce label est censé répondre. Cela souligne la pérennité d'une illusion confortable : celle de se donner une bonne conscience de gauche, sans en assumer véritablement les implications. (Plus)
L’effondrement de l’URSS et les événements qui en ont découlé ont mis fin à un paradigme qui, bien qu’ayant autrefois incarné un idéal de justice sociale, s’est transformé en un échec retentissant. L’URSS, avec son modèle autoritaire, son manque de libertés individuelles et son absence de réformes économiques véritablement démocratiques, a démontré de manière éclatante que les idées dites "de gauche", appliquées de façon dogmatique et autoritaire, mènent à la stagnation et à l’oppression plutôt qu’à l’émancipation.
Sur cette lancée, des penseurs opportunistes ont pris soin de maintenir une fausse appartenance à une idéologie moribonde. Une partie de l’intelligentsia et des régimes autoritaires, tels que la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Algérie ou encore le Venezuela, ont habillé leur autoritarisme de la couleur rouge de la gauche, pour continuer à opprimer leurs peuples tout en prétendant défendre la révolution.
Cela pose la question de la véritable valeur des idéaux de gauche aujourd’hui. Leurs défenseurs ne semblent plus se préoccuper des réalités géopolitiques. Qu’il s’agisse de la défense d’un prétendu peuple au Sahara Occidental, créé de toutes pièces sans considération pour l’histoire ou la géographie, ou de soutenir un régime autoritaire comme celui du Venezuela ou de l’Algérie, la posture idéologique semble l’emporter sur la réflexion. En continuant à plaider pour des régimes militaires sous couvert de gauche, ces "gauchistes" contemporains donnent à leur propre idéologie une image déconnectée des principes fondamentaux de liberté, de justice et de démocratie.
Pourtant, il est grand temps de mettre fin à cette hypocrisie. La gauche authentique, celle qui a inspiré les grandes révolutions sociales et qui a su défendre des valeurs universelles d’égalité, de solidarité et de liberté, doit se détacher de cet opportunisme intellectuel et politique. L’étiquette de "gauchiste", si elle est laissée à ceux qui se servent de l’idéal pour maintenir des régimes d’oppression, devient une imposture.
Il est crucial aujourd’hui de repenser et de redéfinir ce que signifie réellement être de gauche. Il ne suffit plus de revendiquer ce titre pour justifier des positions rétrogrades ou soutenir des régimes dictatoriaux au nom d’une tradition idéologique. Il faut réinventer un véritable projet de gauche, un projet qui place les droits humains, les libertés individuelles, et le progrès social au cœur de ses préoccupations, et non pas les dictats géopolitiques ou les intérêts d’un camp autoritaire.
Il est grand temps d’arrêter de se donner bonne conscience en défendant des causes perdues et de revenir à l’essence même des idéaux de gauche : la liberté, l’égalité, et la fraternité pour tous, sans distinction.