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29 janvier 2025

CHRONIQUE- Débats houleux en Occident sur l'immigration : entre réalités et manipulations- Par A. Laalioui

 Publié le 29  janvier 2025



L'immigration est l'un des sujets les plus débattus dans les sociétés occidentales, souvent récupéré par des discours populistes, des interprétations intéressées et des contre-vérités flagrantes. Face à cette cacophonie, il est essentiel de revenir aux faits et aux chiffres pour qualifier le phénomène avec justesse. (Plus)


Dans l'Union européenne, les immigrants représentent environ 8 % de la population totale, avec des variations significatives selon les pays. Aux États-Unis, les immigrants constituent près de 14 % de la population, un taux en augmentation mais qui demeure inférieur à celui observé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Loin des idées reçues, les flux migratoires vers l'Occident restent relativement stables et largement dominés par des migrations intra-régionales. Par exemple, une part significative des immigrants en France provient d'autres pays européens. De plus, contrairement à une croyance tenace, les réfugiés et demandeurs d'asile ne représentent qu'une infime portion des immigrés.

L'un des arguments récurrents contre l'immigration repose sur l'idée d'un coût excessif pour les finances publiques. Or, les études démontrent que les immigrés contribuent positivement aux économies des pays d'accueil. En Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, leur participation au marché du travail est essentielle, notamment dans les secteurs sous tension tels que la santé, le bâtiment, la restauration et l'agriculture.

En termes fiscaux, la contribution des immigrés, notamment via l'impôt et les cotisations sociales, compense largement les prestations qu'ils reçoivent. Un rapport de l'OCDE indique que dans la plupart des pays développés, l'impact fiscal net de l'immigration est globalement neutre ou légèrement positif.

Les pays occidentaux font face à un vieillissement accéléré de leur population. En Europe, l'âge médian a dépassé les 44 ans, et des pays comme l'Italie ou l'Allemagne connaissent un déclin de leur population active. Aux États-Unis, bien que la natalité reste plus dynamique, la croissance repose de plus en plus sur l'immigration.

Dans ce contexte, l'immigration apparaît non pas comme un problème, mais comme une nécessité pour maintenir les systèmes de retraite et assurer le renouvellement de la main-d'œuvre. Des pays comme le Canada ont pleinement intégré cette réalité en mettant en place des politiques migratoires volontaristes pour soutenir leur croissance économique. Cependant, face à une opinion publique de plus en plus réticente à l'immigration, le Canada a décidé de réduire temporairement de 21 % le quota de résidents

Malgré ces éléments factuels, l'immigration demeure un sujet hautement polémique, instrumentalisé par divers courants politiques. Les discours alarmistes tendent à exagérer le poids des immigrés dans les statistiques criminelles, alors que les données montrent que le lien entre immigration et insécurité est largement infondé.

De même, les questions d'intégration et d'assimilation sont souvent simplifiées à l'extrême. L'histoire montre que les vagues migratoires passées ont suscité les mêmes craintes avant de s'intégrer pleinement aux sociétés d'accueil. La diabolisation de certaines communautés ne repose que sur des préjugés et non sur des faits tangibles.

L'immigration est un phénomène inhérent à l'histoire humaine. Plutôt que de le diaboliser ou de le mystifier, il est impératif de l'aborder avec rationalité et objectivité.

Les sociétés occidentales gagneraient à mettre en place des politiques migratoires cohérentes, fondées sur des besoins réels et non sur des calculs électoralistes. En définitive, l'immigration n'est ni une menace ni une panacée, mais une réalité à gérer avec discernement.

 





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